Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/182

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en noir, à la réserve de deux grosses raies de peinture rouge, qui, descendant du haut de la tête, venaient se joindre vers la trompe. Ils avaient aussi quelques belles couvertures en broderie, avec deux clochettes d’argent qui leur pendaient des deux côtés, attachées aux deux bouts d’une grosse chaîne d’argent qui leur passait par-dessus le dos, et plusieurs de ces belles queues de vaches du Thibet, qui leur pendaient aux oreilles en forme de grandes moustaches. Deux petits éléphans bien parés marchaient à leurs côtés, comme des esclaves destinés à les servir. Ces grands colosses paraissaient fiers de leurs ornemens, et marchaient avec beaucoup de gravité. Lorsqu’ils arrivaient devant l’empereur, leur guide, qui était assis sur leurs épaules avec un crochet de fer à la main, les piquait, leur parlait, et leur faisait incliner un genou, lever la trompe en l’air, et pousser une espèce de hurlement que le peuple prenait pour un taslim, c’est-à-dire une salutation libre et réfléchie. Après les éléphans on amenait des gazelles apprivoisées, des nilgauts ou bœufs gris, que Bernier croit une espèce d’élans ; des rhinocéros, des buffles de Bengale, qui ont de prodigieuses cornes ; des léopards ou des panthères apprivoisés, dont on se sert à la chasse des gazelles ; de beaux chiens de chasse ousbecks, chacun avec sa petite couverture rouge ; quantité d’oiseaux de proie, dont les uns étaient pour les perdrix, les autres pour la grue, et d’autres pour les