Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lièvres, et même pour les gazelles, qu’ils aveuglent de leurs ailes et de leurs griffes. Souvent un ou deux omhras faisaient alors passer leur cavalerie en revue devant l’empereur ; ce monarque prenait même plaisir à faire quelquefois essayer des coutelas sur des moutons morts qu’on apportait sans entrailles, et fort proprement empaquetés. Les jeunes omhras s’efforçaient de faire admirer leur force et leur adresse en coupant d’un seul coup les quatre pieds joints ensemble et le corps d’un mouton.

Mais tous ces amusemens n’étaient qu’autant d’intermèdes pour des occupations plus sérieuses. Aureng-Zeb se faisait apporter chaque jour les requêtes qu’on lui montrait de loin dans la foule du peuple ; il faisait approcher les parties, il les examinait lui-même, et quelquefois il prononçait sur-le-champ leur sentence. Outre cette justice publique, il assistait régulièrement une fois la semaine à la chambre qui se nomme adaletkanay, accompagné de ses deux premiers cadis, ou chefs de justice. D’autres fois il avait la patience d’entendre en particulier, pendant deux heures, dix personnes du peuple qu’un vieil officier lui présentait.

Ce que Bernier trouvait de choquant dans la grande assemblée de l’amkas, c’était une flatterie trop basse et trop fade qu’on y voyait régner continuellement ; l’empereur ne prononçait pas un mot qui ne fut relevé avec admiration, et qui ne fit lever les mains aux