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exemple, dans de riches balances d’or massif comme les poids. Tout le monde applaudit, avec la plus grande joie en apprenant que cette année l’empereur pesait deux livres de plus que la précédente. Son intention, dans cette fête, était de favoriser les marchands de soie et de brocart, qui, depuis quatre ou cinq ans de guerre, en avaient des magasins dont ils n’avaient pu trouver le débit.

Ces fêtes sont accompagnées d’un ancien usage qui ne plaît point à la plupart des omhras. Ils sont obligés de faire à l’empereur des présens proportionnés à leurs forces. Quelques-uns, pour se distinguer par leur magnificence, ou dans la crainte d’être recherchés par leurs vols et leurs concussions, ou dans l’espérance de faire augmenter leurs appointemens ordinaires, en font d’une richesse surprenante. Ce sont ordinairement de beaux vases d’or couverts de pierreries, de belles perles, des diamans, des rubis, des émeraudes. Quelquefois c’est plus simplement un nombre de ces pièces d’or qui valent une pistole et demie. Bernier raconte que, pendant la fête dont il fut témoin, Aureng-Zeb étant allé visiter Djafer-Khan, son visir, non en qualité de visir, mais comme son proche parent, et sous prétexte de voir un bâtiment qu’il avait fait depuis peu, ce seigneur lui offrit vingt-cinq mille de ces pièces d’or, avec quelques belles perles et un rubis qui fut estimé quarante mille écus.