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Les maisons des Maures sont grandes et spacieuses, et distribuées en divers appartemens qui ont plusieurs chambres et leur salle. La plupart ont des toits plats et des terrasses, où l’on se rend le soir pour y prendre l’air. Dans celles des plus riches, on voit de beaux jardins remplis de bosquets et d’allées d’arbres fruitiers, de fleurs et de plantes rares, avec des galeries, des cabinets et d’autres retraites contre la chaleur. On y trouve même des étangs et des viviers où l’on ménage des endroits également propres et commodes pour servir de bains aux hommes et aux femmes, qui ne laissent point passer de jours sans se rafraîchir dans l’eau. Quelques-uns font élever dans leurs jardins des tombeaux en pyramide, et d’autres ouvrages d’une architecture fort délicate. Cependant Bernier, après avoir parlé d’une célèbre maison de campagne du grand-mogol, qui est à deux ou trois lieues de Delhy, et qui se nomme chahlimar, finit par cette observation : « C’est véritablement une belle et royale maison ; mais n’allez pas croire qu’elle approche d’un Fontainebleau, d’un Saint-Germain ou d’un Versailles : ce n’en est pas seulement l’ombre. Ne pensez pas non plus qu’aux environs de Delhy il s’y trouve des Saint-Cloud, des Chantilly, des Meudon, des Liancourt, etc., ou qu’on y voie même de ces moindres maisons de simples gentilshommes, de bourgeois et de marchands, qui sont en si grand nombre autour de Paris. Les sujets ne pouvant acquérir la propriété