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d’aucune terre, une maxime si dure supprime nécessairement cette sorte de luxe. »

Les murailles des grandes maisons sont de terre et d’argile, mêlées ensemble et séchées au soleil. On les enduit d’un mélange de chaux et de fiente de vache, qui les préserve des insectes, et par-dessus encore d’une autre composition d’herbes, de lait, de sucre et de gomme, qui leur donne un lustre et un agrément singulier. Cependant on a déjà fait remarquer qu’il se trouve des maisons de pierre, et que, suivant la proximité des carrières, plusieurs villes en sont bâties presque entièrement. Les maisons du peuple ne sont que d’argile et de paille : elles sont basses, couvertes de roseaux, enduites de fiente de vache ; elles n’ont ni chambres hautes, ni cheminées, ni caves. Les ouvertures qui servent de fenêtres sont même sans vitres, et les portes sans serrures et sans verrous, ce qui n’empêche point que le vol n’y soit très-rare.

Les appartemens des grandes maisons offrent ce qu’il y a de plus riche en tapis de Perse, en nattes très-fines, en précieuses étoffes, en dorures et en meubles recherchés, parmi lesquels on voit de la vaisselle d’or et d’argent. Les femmes ont un appartement particulier qui donne ordinairement sur le jardin ; elles y mangent ensemble. Cette dépense est incroyable pour le mari, surtout dans les conditions élevées ; car chaque femme a ses domestiques et ses esclaves du même sexe, avec toutes les