Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/213

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devant Aureng-Zeb, ce prince l’interrogea beaucoup, et n’en put presque tirer d’autres réponses, sinon qu’il était entré par-dessus les murailles. On s’attendait qu’il le ferait traiter avec la cruauté que Schah-Djehan son père avait eue dans les mêmes occasions ; mais il commanda simplement qu’on le fît sortir par où il était entré. Les eunuques allèrent au delà de cet ordre, car ils le jetèrent du haut des murailles en bas. Pour ce qui est du second, cette même femme dit qu’il fut trouvé errant dans les jardins comme le premier, et qu’ayant confessé qu’il était entré par la porte, Aureng-Zeb commanda aussi simplement qu’on le fît sortir par la porte ; se réservant néanmoins de faire un grand et exemplaire châtiment sur les eunuques, parce que c’est une chose qui non-seulement regardait son honneur, mais aussi la sûreté de sa personne. »

Citons un autre trait du même voyageur. « En ce même temps, dit-il, on vit arriver un accident bien funeste, qui fit grand bruit dans Delhy, principalement dans le sérail, et qui désabusa quantité de personnes qui avaient peine à croire, comme moi, que les eunuques, c’est-à-dire ceux à qui on n’a laissé aucune ressource, devinssent amoureux comme les autres hommes. Didar-Khan, un des premiers eunuques du sérail, et qui avait fait bâtir une maison où il venait souvent se coucher et se divertir, devint amoureux d’une très-belle femme d’un de ses voisins qui était un écrivain gen-