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morte qui n’est connue que des savans, et qui a ses poésies ; que tous les livres de science ne sont écrits que dans cette langue ; enfin que peu de monumens ont autant de marques d’une très-grande antiquité.

Bernier raconte qu’en descendant le Gange et passant par Bénarès, il alla trouver un chef des poundits, qui faisait sa demeure ordinaire dans cette ville. C’était un bramine si renommé par son savoir, que Schah-Djehan, par estime pour son mérite autant que pour faire plaisir aux radjas, lui avait accordé une pension annuelle de deux mille roupies. Il était de belle taille et d’une fort agréable physionomie. Son habillement consistait dans une espèce d’écharpe blanche de soie, qui était liée autour de sa ceinture et qui lui pendait jusqu’au milieu des jambes, avec une autre écharpe de soie rouge assez large, qu’il portait sur les épaules comme un petit manteau. Bernier l’avait vu plusieurs fois à Delhy devant l’empereur, dans l’assemblée des omhras, et marchant par les rues, tantôt à pied, tantôt en palekis. Il l’avait même entretenu plusieurs fois chez Danesch-Mend, à qui ce docteur indien faisait sa cour, dans l’espérance de faire rétablir sa pension qu’Aureng-Zeb lui avait ôtée, pour marquer son attachement au mahométisme.

« Lorsqu’il me vit à Bénarès, dit Bernier, il me fit cent caresses, et me donna une collation dans la bibliothèque de son université,