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avec les six plus fameux poundits ou docteurs de la ville. Me trouvant en si bonne compagnie, je les priai tous de me dire leurs sentimens sur l’adoration de leurs idoles, parce que, me disposant à quitter les Indes, j’étais extrêmement scandalisé de ce côté-là, et que ce culte me paraissait indigne de leurs lumières et de leur philosophie. Voici la réponse de cette noble assemblée.

« Nous avons véritablement, me dirent-ils, dans nos deutas ou nos temples quantité de statues diverses, comme celles de Brahma, Machaden, Genich et Gavani, qui sont des principales ; et beaucoup d’autres moins parfaites, auxquelles nous rendons de grands honneurs, nous prosternant devant elles, et leur présentant des fleurs, du riz, des huiles parfumées, du safran et d’autres offrandes, avec un grand nombre de cérémonies. Cependant nous ne croyons point que ces statues soient ou Brahma même, ou les autres, mais seulement leurs images et leurs représentations ; et nous ne leur rendons ces honneurs que par rapport à ce qu’elles représentent. Elles sont dans nos deutas, parce qu’il est nécessaire à ceux qui font la prière d’avoir quelque chose devant les yeux qui arrête l’esprit. Quand nous prions, ce n’est pas la statue que nous prions, mais celui qui est représenté par la statue. Au reste, nous reconnaissons que c’est Dieu qui est le maître absolu et le seul tout-puissant.