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rencontraient dans les rues, on prétend que dans ce transport, qui dura toute la nuit, ils en firent périr plus de deux mille cinq cents. Quoique le roi en eût été d’abord informé, la crainte de quelque embuscade lui fit attendre le lendemain pour arrêter le désordre ; mais au lever du soleil, s’étant transporté à la mosquée de Renchen-Abad, le spectacle d’un grand nombre de Persans dont il vit les corps étendus le mit en fureur ; il ordonna un massacre général, avec permission de piller les maisons et les boutiques. À l’instant on vit ses soldats, répandus le sabre à la main dans les principaux quartiers de la ville, tuant tout ce qui se présentait devant eux, enfonçant les portes et se précipitant dans les maisons : hommes, femmes, enfans, tout fut massacré sans distinction. Les vieillards, les prêtres et les dévots, réfugiés dans les mosquées, furent cruellement égorgés en récitant l’Alcoran.

On ne fit grâce qu’aux plus belles filles, qui échappèrent à la mort pour assouvir la brutalité du soldat, sans aucun égard au rang, à la naissance, ni même à la qualité d’étrangère. Ces barbares, las enfin de répandre du sang, commencèrent le pillage ; ils s’attachèrent particulièrement aux pierres précieuses, à l’or, à l’argent, et leur butin fut immense. Ils abandonnèrent le reste, et mettant le feu aux maisons, ils réduisirent en cendres plusieurs quartiers de la ville.