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dix krores. Otter évalue toutes ces sommes à dix-huit cent millions de nos livres, indépendamment de tous les effets qui avaient été transportés à Kaboul. L’armée persane marcha sans s’arrêter un seul jour jusqu’à Serhend. De là Nadir-Schah fit ordonner à Zekdjersa-Khan, gouverneur de la province de Lahor, de lui apporter un krore de roupies. Ce seigneur, à qui les vexations de la capitale avaient fait prévoir qu’il ne serait pas épargné, tenait de grosses sommes prêtes, et se mit aussitôt en chemin avec celle qu’on lui demandait. Sa diligence lui fit obtenir diverses faveurs et la liberté d’un grand nombre d’Indiens que le vainqueur enlevait avec les dépouilles de leur patrie. Mais il ne put la faire accorder à cinquante des plus habiles écrivains du divan, que Nadir-Schah faisait emmener dans le dessein de s’instruire à fond des affaires de l’Inde. Ces malheureux, n’envisageant qu’un triste esclavage, cherchèrent d’autres moyens pour s’en délivrer. Quelques-uns prirent la fuite ; d’autres, que cette raison fit resserrer avec plus de rigueur, se donnèrent la mort ou se firent musulmans.

La difficulté pour les Persans était de se rapprocher de Kaboul ; ils n’étaient plus maîtres ni de la capitale ni de la personne de l’empereur, dont la captivité avait tenu toutes les parties de l’empire dans la consternation et le respect. Ils avaient à passer le Tchenab, l’Indus ou le Sindh, et d’autres rivières, dans