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Mogol, pour éviter les chaleurs excessives de l’été. Il partit le 6 décembre 1664, à l’heure que les astrologues avaient choisie pour la plus heureuse. La même raison l’obligea de s’arrêter à Schah-Limar, sa maison de plaisance, éloignée de deux lieues de Delhy ; il y passa six jours entiers à faire des préparatifs d’un voyage d’un an et demi. Il alla camper ensuite sur le chemin de Lahor pour y attendre le reste de ses équipages.

Il menait avec lui trente-cinq mille hommes de cavalerie, qu’il tenait toujours près de sa personne, et plus de dix mille hommes d’infanterie, avec les deux artilleries impériales, la pesante et la légère ; celle-ci se nomme aussi l’artillerie de l’étrier, parce qu’elle est inséparable de la personne de l’empereur ; au lieu que la grosse s’en écarte quelquefois pour suivre les grands chemins et rouler plus facilement ; la grosse est composée de soixante-dix pièces de canon, la plupart de fonte, dont plusieurs sont si pesantes, qu’on emploie vingt paires de bœufs à les tirer. On y joint des éléphans qui aident les bœufs, en poussant et tirant les roues des charrettes avec leurs trompes et leurs têtes ; du moins dans les passages difficiles et dans les hautes montagnes. Celle de l’étrier consiste en cinquante ou soixante petites pièces de campagne, toutes de bronze, montées chacune sur une petite charrette ornée de peintures et de petites banderoles rouges, et tirées par de fort beaux chevaux,