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conduits par le canonnier, qui sert de cocher, avec un troisième cheval, que l’aide du canonnier mène en main pour relais. Toutes ces charrettes vont toujours courant, pour se trouver en ordre devant la tente de l’empereur, et pour tirer toutes à la fois au moment qu’il arrive.

Un si grand appareil faisait appréhender qu’au lieu de faire le voyage de Cachemire, il ne fût résolu d’aller assiéger l’importante ville de Kandahar, qui, étant frontière de la Perse, de l’Indoustan et de l’Ousbeck, capitale d’ailleurs d’un très-riche et très-beau pays, a fait de tout temps le sujet des guerres les plus sanglantes entre les Persans et les Mogols. Cependant Bernier, qui n’avait point encore quitté Delhy, ne put différer plus long-temps son départ sans s’exposer à demeurer trop loin de l’armée. Il savait aussi que le nabab Danesch-Mend-Khan l’attendait avec impatience. « Ce seigneur, dit-il, ne pouvait non plus se passer de philosopher toute l’après-midi sur les livres de Gassendi et de Descartes, sur le globe, sur la sphère ou sur l’anatomie, que de donner la matinée entière aux grandes affaires de l’empire, en qualité de secrétaire d’état pour les affaires étrangères, et de grand-maître de la cavalerie. »

Bernier s’était fourni pour le voyage de deux bons chevaux tartares, d’un chameau de Perse des plus grands et des plus forts, d’un chamelier et d’un valet d’étable, d’un