Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/300

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jour, au pied d’une montagne escarpée, noire et brûlante, où Bember est situé. Le camp fut assis dans le lit d’un large torrent à sec, rempli de cailloux et de sable : c’était une vraie fournaise ardente ; mais une pluie d’orage qui tomba le matin vint rafraîchir l’air. L’empereur, n’ayant pu prévoir ce soulagement, était parti pendant la nuit avec une partie de ses femmes et de ses principaux officiers. Dans la crainte d’affamer le petit royaume de Cachemire, il n’avait voulu mener avec lui que ses principales femmes et les meilleures amies de Rauchenara-Begum, avec aussi peu d’omhras et de milice qu’il était possible. Les omhras qui eurent la permission de le suivre ne prirent que le quart de leurs cavaliers : le nombre des éléphans fut borné. Ces animaux, quoique extrêmement lourds, ont le pied ferme. Ils marchent comme à tâtons dans les passages dangereux, et s’assurent toujours d’un pied avant de remuer l’autre. On mena aussi quelques mulets ; mais on fut obligé de supprimer tous les chameaux, dont le secours aurait été le plus nécessaire. Leurs jambes longues et raides ne peuvent se soutenir dans l’embarras des montagnes. On fut obligé d’y suppléer par un grand nombre de portefaix, que les gouverneurs et les radjas d’alentour avaient pris soin de rassembler, et l’ordonnance impériale leur assignait à chacun dix écus pour cent livres pesant. On en comptait plus de trente mille, quoiqu’il y eût déjà plus d’un mois que l’em-