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de retirer les femmes et tous les débris de leur chute. Chacun fut obligé de s’arrêter dans le lieu où il se trouvait, parce qu’il était en plusieurs endroits impossible d’avancer ni de reculer. D’ailleurs personne n’avait près de soi ses portefaix, avec sa tente et ses vivres. Bernier ne fut pas le plus malheureux. Il trouva le moyen de grimper hors du chemin, et d’y arranger un petit espace commode pour y passer la nuit avec son cheval. Un de ses valets, qui le suivit, avait un peu de pain, qu’ils partagèrent ensemble. En remuant quelques pierres dans ce lieu, ils trouvèrent un gros scorpion noir, qu’un jeune Mogol prit dans sa main, et pressa sans en être piqué. Bernier eut la même hardiesse, sur la parole de ce jeune homme qui était de ses amis, et qui se vantait d’avoir charmé le scorpion par un passage de l’Alcoran. Il n’est pourtant guère probable que le philosophe Bernier comptât beaucoup sur un passage de l’Alcoran. Quoi qu’il en soit, le jeune homme ne voulut pas enseigner à Bernier le passage de l’Alcoran, parce que la puissance de charmer passerait, disait-il, à celui auquel il le dirait, comme elle lui avait passé en quittant celui qui le lui avait appris.

En traversant la montagne de Pire-Pendjal, trois choses, dit-il, lui rappelèrent ses idées philosophiques. Premièrement, en moins d’une heure il éprouva l’hiver et l’été. Après avoir sué à grosses gouttes pour monter par des