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chemins où tout le monde était forcé de marcher à pied et sous un soleil brûlant, il trouva au sommet de la montagne des neiges glacées, au travers desquelles on avait ouvert un chemin. Il tombait un verglas fort épais, et il soufflait un vent si froid, que la plupart des Indiens, qui n’avaient jamais vu de glace ni de neige, ni senti un air si glacial, couraient en tremblant pour arriver dans un air plus chaud. En second lieu, Bernier rencontra, en moins de deux cents pas, deux vents absolument opposés : l’un du nord, qui lui frappait le visage en montant, surtout lorsqu’il arriva proche du sommet ; l’autre du midi, qui lui donnait à dos en descendant, comme si des exhalaisons de cette montagne il s’était formé un vent qui acquérait des qualités différentes en prenant son cours dans les deux vallons opposés.

La troisième rencontre de Bernier fut celle d’un vieil ermite, qui vivait sur le sommet de la montagne depuis le temps de Djehan-Ghir. On ignorait sa religion, quoiqu’on lui attribuât des miracles, tels que de faire tonner à son gré, et d’exciter des orages de grêle, de pluie, de neige et de vent. Sa figure avait quelque chose de sauvage ; sa barbe était longue, blanche et mal peignée. Il demanda fièrement l’aumône ; mais il laissait prendre de l’eau dans des tasses de terre qu’il avait rangées sur une grande pierre. Il faisait signe de la main qu’on passât vite sans s’arrêter, et grondait contre