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de raiforts, de la plupart de nos herbes potagères, et de quelques-unes qui manquent à l’Europe. À la vérité Bernier n’y vit pas tant d’espèces de fruits différentes, et ne les trouva pas même aussi bons que les nôtres ; mais, loin d’attribuer le défaut à la terre, il regrette, pour les habitans qu’ils n’aient pas de meilleurs jardiniers.

La ville capitale porte le nom du royaume : elle est sans murailles, mais elle n’a pas moins de trois quarts de lieue de long et d’une demi-lieue de large. Elle est située dans une plaine à deux lieues des montagnes, qui forment un demi-cercle autour d’elle, et sur le bord d’un lac d’eau douce de quatre ou cinq lieues de tour, formé de sources vives et de ruisseaux qui découlent des montagnes ; il se dégorge dans la rivière par un canal navigable. Cette rivière a deux ponts de bois dans la ville pour la communication des deux parties qu’elle sépare. La plupart des maisons sont de bois, mais bien bâties, et même à deux ou trois étages. Quoique le pays ne manque point de belles pierres de taille, et qu’il y reste quantité de vieux temples et d’autres bâtimens qui en étaient construits, l’abondance du bois, qu’on fait descendre facilement des montagnes par les petites rivières qui l’apportent, a fait embrasser la méthode de bâtir de bois plutôt que de pierre. Les maisons qui sont sur la rivière ont presque toutes un petit jardin ; ce qui forme une perspective charmante, surtout