Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/313

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Les Cachemiriens passent pour les plus spirituels, les plus fins et les plus adroits de tous les peuples de l’Inde. Avec autant de disposition que les Persans pour la poésie et pour toutes les sciences, ils sont plus industrieux et plus laborieux ; ils font des palekis, des bois de lit, des coffres, des écritoires, des cassettes, des cuillères et diverses sortes de petits ouvrages que leur beauté fait rechercher dans toutes les Indes ; ils y appliquent un vernis, et suivent et contrefont si adroitement les veines d’un certain bois qui en a de fort belles, en y appliquant des filets d’or, qu’il n’y a rien de plus joli. Mais ce qu’ils ont de particulier, et qui leur attire des sommes considérables d’argent par le commerce, est cette prodigieuse quantité de schalls qu’ils fabriquent, et auxquels ils occupent jusqu’à leurs enfans. Ce sont des pièces d’étoffe d’une aune et demie de long sur une de large, qui sont brodées au métier par les deux bouts. Les Mogols, la plupart des Indiens de l’un et de l’autre sexe les portent en hiver sur leur tête, repassées comme un manteau par-dessus l’épaule gauche. On en distingue deux sortes, les uns de laine du pays, qui est plus fine et plus délicate que celle d’Espagne ; les autres d’une laine, ou plutôt d’un poil qu’on nomme touz, et qui se prend sur la poitrine des chèvres sauvages du grand Thibet. Les schalls de cette seconde espèce sont beaucoup plus chers que les autres ; il n’y a