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point de castors qui soit si mollet ni si délicat ; mais, sans un soin continuel de les déplier et de les éventer, les vers s’y mettent facilement. Les omhras en font faire exprès qui coûtent jusqu’à cent cinquante roupies, au lieu que les plus beaux de laine du pays ne passent jamais cinquante. Bernier remarquant, sur les schalls, que les ouvriers de Patna, d’Agra et de Lahor, ne parviennent jamais à leur donner le moelleux et la beauté de ceux de Cachemire, ajoute que cette différence est attribuée à l’eau du pays, comme on fait à Masulipatan ces belles chites, ou toiles peintes au pinceau, qui deviennent plus belles en les lavant.

On vante aussi les Cachemiriens pour la beauté du sang ; ils sont communément aussi bien faits qu’on l’est en Europe, sans rien tenir du visage des Tartares, ni de ce nez écrasé, et de ces petits yeux de porc, qui sont le partage des habitans de Kachgar et du grand Thibet. Les femmes de Cachemire sont si distinguées par leur beauté, que la plupart des étrangers qui arrivent dans l’Indoustan cherchent à s’en procurer, dans l’espérance d’en avoir des enfans plus blancs que les Indiens, et qui puissent passer pour vrais Mogols.

« Certainement, dit Bernier, si l’on peut juger de la beauté des femmes cachées et retirées par celles du menu peuple qu’on rencontre dans les rues et qu’on voit dans les boutiques, on doit croire qu’il y en a de très-