Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/337

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suite de plusieurs rochers escarpés ; après quoi il entre dans un lac où l’on voit des îles fertiles, un grand nombre de crocodiles, et quantité de veaux marins ; qui n’ont pas d’autre issue que la gueule pour rendre leurs excrémens ; que ce lac est dans le pays de Dambéa, à trois petites journées de Gondar, et à quatre ou cinq de la source du Nil ; que le Nil sort de ce lac chargé de beaucoup d’eaux des rivières et des torrens qui y tombent, principalement dans la saison des pluies ; qu’elles commencent régulièrement, comme dans les Indes, vers la fin de juillet ; ce qui mérite une extrême attention, parce qu’on y trouve l’explication convaincante de l’inondation de ce fleuve ; qu’il va passer de là par Sennar, ville capitale du royaume des Funghes, tributaires du roi d’Éthiopie, et se jeter ensuite dans les plaines de Mesr, qui est l’Égypte.

Bernier, pour juger à peu près de la véritable source du Nil, leur demanda vers quelle partie du monde était le pays de Dambéa par rapport à Babel-Mandel. Ils lui répondirent qu’assurément ils allaient toujours vers le couchant. L’ambassadeur mahométan, qui devait savoir s’orienter mieux que Murat, parce que sa religion l’obligeait, en faisant sa prière, de se retourner toujours vers la Mecque, l’assura particulièrement qu’il ne devait point en douter ; ce qui l’étonna beaucoup, parce que, suivant leur récit, la source du Nil devait être fort en-deçà de la ligne ; au lieu que toutes