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mois de décembre : elles arrivent le huitième jour à Garachepour, jusqu’au pied des hautes montagnes. Il reste encore huit ou neuf journées, pendant lesquelles on a beaucoup à souffrir dans un pays plein de forêts, où les éléphans sauvages sont en grand nombre. Les marchands, au lieu de reposer la nuit, sont obligés de faire la garde et de tirer sans cesse leurs mousquets pour éloigner ces redoutables animaux. Comme l’éléphant marche sans bruit, il surprend les caravanes ; et quoiqu’il ne nuise point aux hommes, il emporte les vivres dont il peut se saisir, surtout les sacs de riz ou de farine, et les pots de beurre, dont on a toujours de grosses provisions.

On peut aller, de Patna jusqu’au pied des montagnes dans des palekis, qui sont les carrosses des Indes ; mais on se sert ordinairement de bœufs, de chameaux et de chevaux du pays. Ces chevaux sont naturellement si petits, que les pieds d’un homme qui les monte touchent presqu’à terre ; mais ils sont très-vigoureux, et leur pas est une espèce d’amble, qui leur fait faire vingt lieues d’une seule traite, avec fort peu de nourriture. Les meilleurs s’achètent jusqu’à deux cents écus. Lorsqu’on entre dans les montagnes, les passages deviennent si étroits, qu’on est obligé de se réduire à cette seule voiture, et souvent même on a recours à d’autres expédiens. La vue d’une caravane fait descendre de diverses habitations un grand nombre de