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montagnards, dont la plupart sont des femmes et des filles qui viennent faire marché avec les négocians pour les porter, eux, leurs marchandises et leurs provisions, entre des précipices qui se succèdent pendant neuf ou dix journées : elles ont sur les deux épaules un gros bourlet auquel est attaché un épais coussin qui leur pend sur le dos, et qui sert comme de siège à l’homme dont elles se chargent ; elles sont trois qui se relaient tour à tour pour chaque homme. Le bagage est transporté sur le dos des boucs, qui sont capables de porter jusqu’à cent cinquante livres. Ceux qui s’obstinent à mener des chevaux dans ces affreuses montagnes sont souvent obligés, dans les passages dangereux, de les faire guinder avec des cordes : on ne leur donne à manger que le matin et le soir. Les femmes qui portent les hommes ne gagnent que deux roupies dans l’espace de dix jours. On paie le même prix pour chaque bouc et pour chaque cheval.

À cinq ou six lieues de Garachepour, on entre sur les terres du radja de Népal, qui s’étendent jusqu’aux frontières du royaume de Boutan. Ce radja, vassal et tributaire du grand-mogol, fait sa résidence dans la ville de Népal. Son pays n’offre que des bois et des montagnes. On entre de là dans l’ennuyeux espace qu’on vient de représenter, et l’on retrouve ensuite des boucs, des chameaux des chevaux, et même des palekis. Ces commodités ne cessent plus jusqu’à Boutan. On marche dans un