Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/358

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pour, dernière ville des états du Mogol, il arrive souvent que, pour éviter de si grands frais, les caravanes prennent un chemin qui est encore plus incommode, par les montagnes couvertes de neige et les grands déserts qu’il faut traverser ; ils vont jusqu’à la hauteur de trente degrés, d’où, tournant vers Kaboul, qui est au quarantième, elles se divisent, une partie pour aller à Balk, et l’autre dans la grande Tartarie. Là, les marchands qui viennent de Boutan troquent leurs richesses contre des chevaux , des mulets et des chameaux ; car il y a peu d’argent dans ces contrées : ils y portent avec le musc beaucoup d’excellente rhubarbe et de semencine. Les Tartares font passer ensuite ces marchandises dans la Perse ; ce qui fait croire aux Européens que la rhubarbe et la semencine viennent de la Tartarie. Il est vrai, remarque l’Anglais Sheldon, qu’il en vient de la rhubarbe ; mais elle est beaucoup moins bonne que celle du royaume de Boutan ; elle est plus tôt corrompue, et c’est le défaut de la rhubarbe de se dissoudre d’elle-même par le cœur. Les Tartares remportent de Perse des étoffes de soie de peu de valeur, qui se font à Tauris et à Ardevil, avec quelques draps d’Angleterre et de Hollande, que les Arméniens vont prendre à Constantinople et à Smyrne, où nous les portons de l’Europe. Quelques-uns des marchands qui viennent de Boutan à Kaboul vont à Candehar, et jusqu’à Ispahan, d’où ils emportent pour leur musc