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barrière impénétrable. Au nord, il n’y a que des bois, presque toujours couverts de neige ; des deux autres côtés, ce sont de vastes déserts, où l’on ne trouve guère que des eaux amères. Si l’on y rencontre quelques terres habitées, elles appartiennent à des radjas sans armes, et sans forces. Le roi de Boutan fait battre des pièces d’argent de la valeur des roupies : ce qui porte à croire que son pays a quelques mines d’argent : cependant les marchands que Tavernier vit à Patna, ignoraient où ces mines étaient situées. Leurs pièces de monnaie sont extraordinaires dans leur forme : au lieu d’être rondes, elles ont huit angles ; et les caractères qu’elles portent ne sont ni indiens ni chinois. L’or de Boutan y est apporté par les marchands du pays qui reviennent du Levant.

Leur principal commerce est celui du musc. Dans l’espace de deux mois que les marchands passèrent à Patna, Tavernier en acheta d’eux pour vingt-six mille roupies. L’once, dans la vessie, lui revenait à quatre livres quatre sous de notre monnaie ; il la payait huit francs hors de vessie. Tout le musc qui entre dans la Perse vient de Boutan, et les marchands qui font ce commerce aiment mieux qu’on leur donne de l’ambre jaune et du corail que de l’or ou de l’argent. Pendant les chaleurs, ils trouvent peu de profit à transporter le musc, parce qu’il devient trop sec et qu’il perd de son poids. Comme cette marchandise paie vingt-cinq pour cent à la douane de Garache-