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qu’au sang. Toutes ces femmes se trouvèrent si peu disposées à risquer le danger, qu’elles retournèrent sur-le-champ au palais pour rendre compte de leur aventure au Mogol ; et, loin de s’en offenser, l’adresse du radja lui plut beaucoup. » Je ne crois pas qu’on trouve ces plaisanteries impériales de bien bon goût ; mais ce qui suit est exécrable.

Son principal amusement était de voir combattre des lions, des taureaux, des éléphans, des tigres, des léopards et d’autres bêtes féroces ; il faisait quelquefois entrer des hommes en lice contre ces animaux ; mais il voulait que le combat fût volontaire ; et ceux qui en sortaient heureusement étaient sûrs d’une récompense proportionnée à leur courage. Mandelslo fut témoin d’un spectacle de cette nature, qu’il donna le jour de la naissance d’un de ses fils, dans un caravansérail voisin de la ville, où il faisait nourrir toutes sortes de bêtes. Ce bâtiment était accompagné d’un grand jardin fermé de murs, par-dessus lesquels il fut permis au peuple de se procurer la vue de cette lutte barbare.

« Premièrement, dit Mandelslo, on fit combattre un taureau sauvage contre un lion, ensuite un lion contre un tigre. Le lion n’eut pas plus tôt aperçu le tigre, qu’il alla droit à lui ; et, le choquant de toutes ses forces, il le renversa ; mais il parut comme étourdi du choc, et toute l’assemblée se figura que le tigre n’aurait pas de peine à le vaincre. Cepen-