Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/368

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vidence ne les a-t-elle pas fait sortir des branches, qui n’auraient pas la force de les soutenir, mais du tronc même ; le sac est une peau fort épaisse, dans laquelle on trouve quelquefois cinq cents châtaignes plus grosses que les nôtres ; mais ce qu’elles ont de meilleur, est une peau blanche et savoureuse, qu’on tire de la châtaigne avant de la cuire. »

Les difficultés de la langue étant un des plus grands obstacles qui arrêtent le progrès des missionnaires, le père de Rhodes comprit que cette étude devait faire son premier soin. On parle à peu près la même langue dans le royaume de Tonquin et de la Cochinchine.Elle est aussi entendue dans trois autres pays voisins ; mais est entièrement différente de la chinoise. On la prendrait, surtout dans la bouche des femmes, pour un gazouillement d’oiseaux ; tous les mots sont des monosyllabes, et leur signification ne se distingue que par les divers tons qu’on leur donne en les prononçant. Une même syllabe, telle, par exemple, que daï, peut signifier vingt-trois choses tout-à-fait différentes. Le zèle du père de Rhodes lui fit mépriser ces obstacles ; il apporta autant d’application à cette entreprise qu’il en avait donné autrefois à la théologie, et dans l’espace de quatre mois, il se rendit capable de prêcher dans la langue de la Cochinchine ; mais il avoue qu’il en eut l’obligation à un petit garçon du pays, qui lui apprit en trois semaines les divers tons de cette langue, et la