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manière de prononcer tous les mots : ce qu’il y eut d’admirable, et ce qui mérite d’être remarqué, c’est qu’ils ignoraient la langue l’un de l’autre.

Dans l’intervalle de ses entreprises apostoliques, il fit un voyage aux Philippines, sans autre dessein que de profiter d’une occasion qui se présentait pour se rendre à Macao.

Une violente persécution l’obligeant de quitter la Cochinchine, il s’embarqua, le 2 juillet 1641, sur un vaisseau qui faisait voile pour Bolinao. Il entra dans ce port le 28 du même mois, après avoir essuyé une dangereuse tempête ; mais il fut surpris de remarquer à son arrivée que les habitans ne comptaient que samedi 27 juillet. Il avait mangé de la viande le matin, parce qu’il se croyait au dimanche, et le soir il fut obligé de faire maigre, lorsqu’on l’assura que le dimanche et le vingt-huitième n’étaient que le lendemain : cette erreur lui causa d’abord beaucoup d’embarras ; mais en y pensant un peu, il comprit que de part et d’autre on avait fort bien compté, quoiqu’il y eût dans les deux comptes la différence d’un jour.

Ce qu’il y a d’étonnant dans l’embarras du père de Rhodes, c’est qu’étant aux Indes depuis si long-temps, il n’eût jamais eu l’occasion de faire la même remarque. Il s’applaudit de l’explication qu’il donne à son erreur.

Quand on part d’Espagne, dit-il, pour aller aux Philippines, on va toujours de l’orient à l’occident. Il faut par conséquent que tous les jours deviennent plus longs de quelques