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l’Église n’a jamais essuyé de persécution plus obstinée que celle qui a rempli de sang toutes les villes de ce florissant royaume, où le christianisme avait fait des progrès. Nous en parlerons plus au long à l’article du Japon.

Dans une traversée de Malacca à Java, qui ne fut que de onze jours, il arriva au vaisseau qu’il montait un accident fort singulier, qu’il attribue à la protection du premier martyr de la Cochinchine, nommé André, dont il portait la tête à Rome. Le 25 février, pendant que le vent était favorable, l’imprudence des matelots les fit heurter contre un gros rocher, qui était presqu’à fleur d’eau. Le bruit ne fut pas moindre que celui du tonnerre, et le coup avait été si violent, que le navire demeura fixé sur l’écueil. Plusieurs planches qu’on vit flotter sur l’eau ne laissèrent aucun doute qu’il ne fût près de périr. Cependant il se remit de lui-même à flot, tandis que l’auteur et deux autres missionnaires, qui étaient partis avec lui de Malacca, faisaient leur prière au martyr. Les matelots, surpris qu’il ne se remplit pas d’eau, jugèrent qu’ayant été doublé en plusieurs endroits, il n’avait perdu que des planches extérieures. Ils continuèrent leur navigation sept jours entiers avec beaucoup de bonheur. Mais, en arrivant au port de Batavia, où l’on pensa aussitôt à radouber le vaisseau, on s’aperçut avec admiration qu’il avait une grande ouverture sur le bas, et que le rocher qui avait brisé les planches, s’étant rompu lui-