Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/371

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observé que Manille, la principale des Philippines, est au 13e. degré de l’élévation de la ligne, et que c’est là qu’on compte le dernier terme de l’occident, quoique ces îles soient à l’orient de la Chine, dont elles ne sont éloignées que de cent cinquante lieues, il ajoute :

« Comme on les prend pour le bout des Indes occidentales, qui appartiennent aussi aux Espagnols, deux Hollandais prirent occasion de cette idée pour renverser le christianisme au Japon. Ils firent voir à l’empereur, dans une mappemonde, d’un côté les Philippines, et de l’autre Macao, que le roi d’Espagne possédait alors à la Chine, en qualité de roi de Portugal. Voyez-vous, lui dirent-ils, jusqu’où la domination du roi d’Espagne s’est étendue ? Du côté de l’orient, elle est arrivée à Macao, et du côté de l’occident aux Philippines. Vous êtes si près de ces deux extrémités de son empire, qu’il ne lui reste que le vôtre à conquérir ; à la vérité, il n’a pas aujourd’hui des troupes assez nombreuses pour entreprendre tout d’un coup la conquête du Japon ; mais il y envoie des prêtres qui, sous le prétexte de faire des chrétiens, font des soldats pour l’Espagne ; et lorsque le nombre en sera tel que les Espagnols le désirent, vous éprouverez, comme le reste du monde, que, sous le voile de la religion, ils ne pensent qu’à vous rendre l’esclave de leur ambition. » L’empereur du Japon, alarmé de cet avis, jura une guerre irréconciliable à tous les missionnaires chrétiens :