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arrêté par un officier qui l’avertit de baisser la tête jusqu’à terre. Il répondit que sa condition le dispensait de cet hommage servile, et continua de marcher jusqu’à la balustrade, où il trouva les principaux seigneurs de la ville prosternés comme autant d’esclaves. Son embarras était sur la place qu’il y devait prendre ; et dans cette incertitude, il se présenta droit devant le trône. Un secrétaire, qui était assis sur les degrés de la seconde estrade, lui demanda ce qu’il désirait. « Je lui exposai, dit Rhoé, que le roi d’Angleterre m’envoyant pour ambassadeur auprès de l’empereur son père, et me trouvant dans une ville où le prince tenait sa cour, je m’étais cru obligé de lui faire la révérence. Alors le prince, s’adressant lui-même à moi, me dit qu’il était fort satisfait de me voir ; il me fit diverses questions sur le roi mon maître, et mes réponses furent écoutées avec plaisir. Mais, comme j’étais toujours au bas des degrés, je demandai la permission de monter pour entretenir le prince de plus près : il me répondit lui-même que le roi de Perse et le grand-turc n’obtiendraient pas ce que je désirais. Je répliquai que ma demande méritait quelque excuse, parce que je m’étais figuré que pour de si grands monarques il aurait pris la peine d’aller jusqu’à la porte, et qu’enfin je ne prétendais pas d’autres traitemens que ceux qu’il faisait à leurs ambassadeurs. Il m’assura que j’étais traité sur le même pied, et que je le serais dans toutes les occa-