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monde peut voir l’empereur. Ce lieu a beaucoup de ressemblance avec la perspective générale d’un théâtre, où les principaux seigneurs seraient placés comme les acteurs sur la scène, et le peuple plus bas, comme dans le parterre.

L’empereur prévint l’interprète des Anglais ; il félicita Rhoé du succès de son voyage, et dans toute la suite du discours il traita le roi d’Angleterre de frère et d’allié. Rhoé lui présenta ses lettres traduites dans la langue du pays ; sa commission, qui fut examinée soigneusement ; enfin ses présens, dont le monarque parut fort satisfait. Ce prince lui fit diverses questions ; il lui témoigna de l’inquiétude pour sa santé qui n’était qu’imparfaitement rétablie ; il lui offrit même ses médecins, en lui conseillant de ne pas prendre l’air jusqu’au retour de ses forces. Jamais il n’avait traité d’ambassadeur avec tant de marques d’affection, sans excepter ceux de la Perse et de la Turquie.

Rhoé ne laissa pas d’essuyer beaucoup de difficultés dans les demandes qu’il faisait pour les intérêts du commerce de la compagnie anglaise. Il trouvait en son chemin la faction des Portugais soutenue par Azaph-Khan, l’un des principaux officiers de la cour, et il n’aurait rien obtenu, sans une circonstance particulière qu’il faut rapporter dans ses propres termes :

« Le 6 août je reçus ordre, dit-il, de me rendre au dorbar ou à la salle d’audience. Quelques jours auparavant j’avais fait présent au Mogol d’une peinture, et je l’avais assuré qu’il