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les entendre, et il attribua cette distraction à l’amour du prince pour une des femmes de son père qu’il avait eu la permission de voir.

Rhoé trouva une autre fois le même prince qui jouait aux cartes avec beaucoup d’attention. Le sujet de sa visite était pour obtenir des chariots et des chameaux, sans lesquels il ne pouvait suivre l’empereur en campagne. Il avait déjà renouvelé plusieurs fois la même demande. Coroné lui fit des excuses du défaut de sa mémoire, et rejeta la faute sur ses officiers. Cependant il lui témoigna plus de civilité qu’il n’avait jamais fait. Il l’appela même plusieurs fois pour lui montrer son jeu, et souvent il lui adressa la parole. Rhoé s’était flatté qu’il lui proposerait de faire le voyage avec lui ; mais ne recevant là-dessus aucune ouverture, il prit le parti de se retirer, sous prétexte qu’il était obligé de retourner à Asmère, et qu’il n’avait pas d’équipage pour passer la nuit au camp. Coroné lui promit d’expédier les ordres qu’il demandait, et le voyant sortir, il le fit suivre par un eunuque et par plusieurs officiers qui lui dirent en souriant que le prince voulait lui faire un riche présent ; et que, s’il appréhendait de se mettre en chemin pendant la nuit, on lui donnerait une escorte de dix chevaux. Il consentit à demeurer. « Ils me firent, dit-il, une aussi grande fête de ce présent que si le prince eût voulu me donner la plus belle de ses chaînes de perles. Le présent vint enfin : c’était un manteau de