Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/77

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point penser à lui rendre justice, et l’arrivée du prince ne semblait propre qu’à reculer ses espérances. Comme il croyait l’avoir aigri par ses plaintes, et que les ménagemens n’étaient plus de saison, il résolut de faire un dernier effort auprès de l’empereur ; mais, tandis qu’il en cherchait l’occasion, quel fut son étonnement d’apprendre que l’empereur s’était fait apporter secrètement les caisses et les avait fait ouvrir ! C’est dans ses propres termes qu’il faut rapporter la conclusion de ce singulier démêlé, où l’on voit dans tout son jour la basse avidité qui forme un des caractères du despotisme.

« Je formai, dit-il, le dessein de m’en venger ; et, dans une audience que mes sollicitations me firent obtenir, je lui en fis ouvertement mes plaintes : il les reçut avec des flatteries basses, et plus indignes encore de son rang que l’action même. Il me dit que je ne devais pas m’alarmer pour la sûreté de tout ce qui était à moi, qu’il avait trouvé dans les caisses diverses choses qui lui plaisaient extrêmement, surtout un verre travaillé à jour, et des coussins en broderie ; qu’il avait aussi retenu les dogues, mais que s’il y avait quelque rareté que je ne voulusse pas lui vendre ou lui donner, il me la rendrait, et qu’il souhaitait que je fusse content de lui. Je lui répondis qu’il y en avait peu qui ne lui fussent destinées ; mais que c’était un procédé fort incivil à l’égard du roi mon maître, et que je ne savais comment