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lui faire entendre que les présens qu’il envoyait avaient été saisis, au lieu d’être offerts par mes mains à ceux entre qui j’avais ordre de les distribuer ; que plusieurs de ces présens étaient pour le prince Coroné et pour la princesse Nohormal ; que d’autres devaient me demeurer entre les mains, pour les faire servir dans l’occasion à me procurer la faveur de sa majesté contre les injures que ma nation recevait tous les jours ; qu’il y en avait pour mes amis et pour mon usage particulier ; que le reste appartenait aux marchands, et que je n’avais pas le droit de disposer du bien d’autrui.

» Il me pria de ne pas trouver mauvais qu’il se les eût fait apporter. Toutes les pièces, me dit-il, lui avaient paru si belles, qu’il n’avait pas eu la patience d’attendre qu’elles lui fussent présentées de ma main. Son empressement ne m’avait fait aucun tort, puisqu’il était persuadé que dans ma distribution il aurait été servi le premier. À l’égard du roi d’Angleterre, il se proposait de lui faire des excuses. Je devais être sans embarras du côté du prince et de Nohormal, qui n’étaient qu’une même chose avec lui. Enfin, quant aux présens que je destinais pour les occasions où je croirais avoir besoin de sa faveur, c’était une cérémonie tout-à-fait inutile, parce qu’il me donnerait audience lorsqu’il me plairait de la demander ; et que, n’ignorant pas qu’il ne me restait rien à lui offrir, il ne me recevrait pas plus mal lorsque je me présenterais les mains vides. Ensuite prenant