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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/93

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les habitans sont banians, et la plupart artisans de père en fils, ce qui les porte à bâtir des maisons de pierre et de brique. Il s’y fait un grand commerce de chites, sorte de toiles peintes, dont le bas peuple de Turquie et de Perse aime à se vêtir, et qui sert dans d’autres pays pour des couvertures de lit et des nappes à manger. On en fait dans d’autres lieux que Seronghe, mais de couleurs moins vives et plus sujettes à se ternir dans l’eau ; tandis que celles de Seronghe deviennent plus belles chaque fois qu’on les lave. La rivière qui passe dans cette ville donne cette vivacité aux teintures. Pendant la saison des pluies, qui durent quatre mois, les ouvriers impriment leurs toiles suivant le modèle qu’ils reçoivent des marchands étrangers ; et lorsque les pluies cessent, ils se hâtent de laver les toiles dans la rivière, parce que plus elle est trouble, plus les couleurs sont vives et résistent au temps. On fait aussi à Seronghe une sorte de gazes ou de toiles si fines, qu’étant sur le corps, elles laissent voir la chair à nu. Le transport n’en est pas permis aux marchands. Le gouverneur les prend toutes pour le sérail impérial et pour les principaux seigneurs de la cour. Les sultanes et les dames mogoles s’en font des chemises et des robes, que l’empereur et les grands se plaisent à leur voir porter dans les grandes chaleurs.

En passant à Baroche, il accepta un logement chez les Anglais, qui ont un fort beau