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avec des feuilles et des fleurs comme au printemps, il se mit en devoir de l’aller rompre, et dit hautement qu’il ne donnerait jamais la communion à ceux qui demeureraient plus long-temps à voir de pareilles choses : ce qui obligea les Anglais de congédier les charlatans, après leur avoir donné la valeur de dix ou douze écus, dont ils parurent fort satisfaits. » Il faut avouer qu’il n’y a point de tour de Comus qui approche de celui-là.

Dans le petit voyage qu’il fit à Cambaye, en se détournant de cinq ou six cosses, il n’observa rien dont Mandelslo n’eût fait la description ; mais, à son retour, il passa par un village qui n’est qu’à trois cosses de cette ville, où l’on voit une pagode célèbre par les offrandes de la plupart des courtisanes de l’Inde. Elle est remplie de nudités, entre lesquelles on découvre particulièrement une grande figure que Tavernier prit pour un Apollon, dans un état fort indécent. Les vieilles courtisanes qui ont amassé une somme d’argent dans leur jeunesse en achètent de petites esclaves qu’elles forment à tous les exercices de leur profession, et ces petites filles, que leurs maîtresses mènent à la pagode dès l’âge de onze ou douze ans, regardent comme un bonheur d’être offertes à l’idole. Cet infâme temple est à six cosses de Chid-Abad, où Mandelslo visita un des plus beaux jardins du grand mogol.

À l’occasion de la rivière d’Amedabad, qui