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est sans pont, et que les paysans passent à la nage, après s’être lié entre l’estomac et le ventre une peau de bouc qu’ils remplissent de vent, il remarque que, pour faire passer leurs enfans, ils les mettent dans des pots de terre dont l’embouchure est haute de quatre doigts, et qu’ils poussent devant eux. Pendant qu’il était dans cette ville, un paysan et sa femme passaient un jour avec un enfant de deux ans, qu’ils avaient mis dans un de ces pots, d’où il ne lui sortait que la tête. Vers le milieu de la rivière, ils trouvèrent un petit banc de sable, sur lequel était un gros arbre que les flots y avaient jeté. Ils poussèrent le pot dans cet endroit pour y prendre un peu de repos. Comme ils approchaient du pied de l’arbre, dont le tronc s’élevait un peu au-dessus de l’eau, un serpent qui sortit d’entre les racines sauta dans le pot. Le père et la mère, fort effrayés, abandonnèrent le pot, qui fut emporté par le courant de l’eau tandis qu’ils demeurèrent à demi morts au pied de l’arbre. Deux lieues plus bas, un banian et sa femme, avec leur enfant, se lavaient, suivant l’usage du pays, avant d’aller prendre leur nourriture. Ils virent de loin ce pot sur l’eau, et la moitié d’une tête qui paraissait hors de l’embouchure. Le banian se hâte d’aller au secours, et pousse le pot à la rive. Aussitôt la mère, suivie de son enfant, s’approche pour aider l’autre à sortir. Alors le serpent, qui n’avait fait aucun mal au premier, sort du pot, se jette sur l’en-