Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/103

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dos, se rejoignaient par-dessous le ventre, et, continuant le long de la queue, y formaient comme des anneaux blancs et noirs, placés alternativement. La tête n’avait rien d’extraordinaire, non plus que les jambes, excepté qu’elles étaient plus grandes et plus grosses que celles des tigres communs, quoique ce ne fût qu’un jeune tigre qui pouvait croître encore. Le seigneur Constance dit aux jésuites qu’il s’en trouvait dans le royaume de trois fois plus gros, et qu’étant un jour à la chasse avec le roi, il en avait vu un qui était de la grandeur d’un mulet ; c’est une espèce particulière ; car le pays en produit aussi de petits, tels que ceux qu’on apporte d’Afrique en Europe ; et Tachard en vit un le même jour à Louvo.

On ne lâcha pas d’abord le tigre qui devait combattre ; mais on le tint attaché par deux cordes ; de sorte que, n’ayant pas la liberté de s’élancer, le premier éléphant qui l’approcha lui donna deux ou trois coups de sa trompe sur le dos. Ce choc fut si rude, que le tigre en ayant été renversé, demeura quelque temps sur la place, avec aussi peu de mouvement que s’il eût été mort. Cependant, lorsqu’on l’eut délié, il fit un cri horrible, et voulut se jeter sur la trompe de l’éléphant qui s’avançait pour le frapper : celui-ci, la repliant adroitement, la mit à couvert par ses défenses, dont il atteignit le tigre, et qui lui firent faire un grand saut en l’air. Cet animal parut étourdi du coup ou de sa chute : n’osant plus s’approcher, il fit