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plusieurs tours le long de la palissade, et quelquefois il s’élançait vers les spectateurs qui paraissaient dans les galeries. Alors on poussa contre lui les trois éléphans, qui lui donnèrent tour à tour de si rudes coups, qu’il fit encore une fois le mort : ils l’eussent tué sans doute, si l’ambassadeur n’eût demandé grâce pour lui.

Le lendemain au soir, il se fit au palais une grande illumination, qui se renouvelle tous les ans : elle consistait en dix-huit cents ou deux mille lumières, dont les unes étaient rangées sur de petites fenêtres pratiquées exprès dans les murs de l’enceinte, et les autres dans des lanternes, dont Tachard admira l’ordre et la forme, surtout celle de certains grands falots, en forme de globes, qui sont d’un seul morceau de corne transparente comme le verre. Ce spectacle était accompagné du son des tambours, des fifres et des trompettes. Pendant que le roi l’honorait de sa présence, la princesse en donnait un semblable aux dames de la cour, d’un autre côté du palais.

Le seigneur Constance fit voir aux jésuites l’éléphant prince, qui était d’une beauté et d’une grosseur ordinaires ; on lui donnait ce nom, parce qu’il était né le même jour que le roi. Ils virent aussi l’éléphant de garde qu’on relève chaque jour dans un pavillon voisin de l’appartement du roi, et qu’on tient prêt jour et nuit pour son usage.

Le roi ayant fait connaître à l’ambassadeur