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due conversion du roi de Siam, et personne n’a mieux développé que lui le caractère du ministre Constance, et ses vues politiques et ambitieuses dans les caresses intéressées qu’il faisait à la nation française, et dans les adulations et les présens qu’il adressait à Louis XIV. Forbin avait eu le temps de bien connaître Siam, l’empereur et le ministre. Il était resté dans le pays pendant l’ambassade des Siamois en France, et Constance, qui ne se fiait pas à lui, avait empêché qu’il ne les suivît. Il l’avait retenu comme otage, et l’avait fait nommer gouverneur de Bancok, et grand-amiral général des armées du roi. Dans la suite, voyant le crédit que Forbin acquérait tous les jours près du roi, il s’était efforcé de le perdre par toutes sortes de moyens. Ce souvenir pouvait mettre un peu d’humeur dans la relation du chevalier de Forbin ; mais on y remarque le ton de la vérité et de la raison, et d’ailleurs les faits ont justifié depuis tout ce qu’il a dit.

Constance, dit le chevalier de Forbin, n’oubliait rien de tout ce qui pouvait donner aux Français une grande idée du royaume : c’étaient des fêtes continuelles, ordonnées avec tout l’appareil imaginable. Il eut soin d’étaler à l’ambassadeur et à ceux de sa suite toutes les richesses du trésor royal, qui étaient en effet dignes d’un grand monarque, et capables d’imposer ; mais il n’eut garde de leur dire que cet amas d’or, d’argent et de pierreries, était l’ouvrage d’une longue suite de rois qui avaient