Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/144

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de prince était suffisante pour le disculper de n’avoir pas fait l’odieux métier d’espion, ni trahi des amis qui lui avaient confié un secret de cette importance. Une si mauvaise réponse fit prendre au roi la résolution de se servir de la voie des armes. On connaissait assez le caractère de cette nation pour juger qu’on n’en viendrait pas aisément à bout ; ainsi il fallut faire des préparatifs pour les forcer. Ces mesures, loin de les intimider, parurent ranimer leur courage ; et une action qui se passa à Bancok quelque temps avant qu’on les attaquât les rendit encore plus fiers. Laissons parler ici le chevalier de Forbin.

« Bancok, dont le roi m’avait nommé gouverneur, était une place trop importante pour l’abandonner dans des conjonctures si périlleuses. J’eus ordre de m’y rendre incessamment, de faire achever au plus tôt les fortifications, de travailler à de nouvelles levées de soldats siamois, jusqu’à la concurrence de deux mille hommes, et de les dresser à la manière de France. Pour subvenir aux frais que je devrais faire, Constance eut ordre de me compter cent catis, qui reviennent à la somme de quinze mille livres de France ; mais le ministre ne m’en paya qu’une partie, et me fit un billet pour le reste, sous prétexte qu’il ne se trouvait pas assez d’argent en caisse. Le roi voulant que je fusse obéi et respecté dans mon gouvernement, me donna quatre de ses bourreaux pour faire justice ; ce qui ne s’étendait cepen-