Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/145

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dant qu’à la bastonnade, n’y ayant d’ordinaire, que le roi, ou, en certaines occasions, son premier ministre, qui puisse condamner à mort.

» Le capitaine d’une galère de l’île de Macassar, qui était venu à Siam pour commercer, et qui avait part à la conjuration, la voyant manquée, s’était retiré sur son bord, résolu de s’en retourner ou de vendre chèrement sa vie, si l’on entreprenait de le forcer. Constance, charmé de pouvoir séparer les ennemis, lui fit expédier un passe-port pour sortir librement du royaume, lui et sa troupe, qui montait à cinquante-trois hommes ; mais en même temps il me dépêcha un courrier, avec ordre de la part du roi de tendre la chaîne au travers de la rivière, d’arrêter ce bâtiment, où je devais entrer pour faire l’inventaire de sa charge, et de me saisir ensuite du capitaine et de tous ses gens pour les retenir prisonniers jusqu’à nouvel ordre, me défendant expressément de communiquer à personne ceux que je recevais, parce que des raisons d’état demandaient un secret inviolable sur ce point. C’est ainsi qu’il m’envoyait à la boucherie, en me prescrivant pas à pas ce que j’avais à faire pour périr infailliblement.

» En attendant l’arrivée de la galère, je m’occupais à exercer les troupes que j’avais eu ordre de lever. Je divisai mes nouveaux soldats en compagnies de cinquante hommes ; je mis à la tête de chaque compagnie trois offi-