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l’un d’eux avait laissé son cric qu’on me présenta. J’y courus avec quatre-vingts de mes soldats, qui, ne sachant pas encore manier le fusil, n’étaient armés que de lances. Je trouvai en arrivant que les Siamois, ne pouvant plus se défendre, avaient été réduits à mettre le feu au couvent. On me dit que les Macassars s’étaient jetés à quelques pas de là dans un champ plein d’herbes hautes et épaisses, où ils se tenaient accroupis ; j ’y conduisis ma troupe, dont je formai deux rangs bien serrés, menaçant de tuer le premier qui ferait mine de fuir. Mes lanciers ne marchaient d’abord que pas à pas et comme à tâtons ; mais peu à peu ma présence les rassura.

» Le premier Macassar que nous trouvâmes se dressa sur ses pieds comme un furieux, et élevant son cric, allait se jeter sur mes gens ; mais je le prévins en lui brûlant la cervelle. Quatre autres furent tués successivement par mes Siamois, qui ne s’ébranlèrent point dans cette occasion, donnant à grands coups de lance sur ces malheureux, dont le courage leur faisait préférer la mort à la retraite. Comme je songeais à m’en retourner, je fus averti qu’il restait encore un sixième Macassar ; c’était un jeune homme, le même qui avait laissé son cric dans le corps du mandarin tué au couvent des talapoins ; on se mit de nouveau à le chercher dans les herbes. J’ordonnai à mes soldats de ne le point tuer, puisqu’ils pouvaient le prendre vif sans résistance ; mais