Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/153

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» Après avoir conféré quelques momens entre eux, n’écoutant plus que leur désespoir, et résolus de se mettre dans la nécessité de combattre, ils regagnèrent leur galère, qu’ils brûlèrent, après s’être armés de boucliers, et de lances, et descendirent de nouveau à terre, dans le dessein de faire main-basse sur tout ce qui se présenterait à eux. Ils commencèrent par brûler toutes les maisons des soldats, et, remontant sur le bord de la rivière, ils attaquèrent et tuèrent indistinctement tout ce qu’ils trouvèrent sur leur passage. Tant de meurtres répandirent tellement l’alarme dans les environs, que la rivière fut bientôt couverte d’hommes et de femmes qui portaient leurs enfans sur le dos et se sauvaient à la nage.

» Touché de ce spectacle, et indigné de ne voir que des cadavres dans l’endroit où j’avais laissé tant de soldats, je ramassai une vingtaine d’hommes armés de fusils, et je m’embarquai avec eux sur un ballon pour suivre ces désespérés. Les ayant joints à une lieue du fort, mon feu les obligea de s’éloigner de la rivière et de se retirer dans les bois voisins ; comme je n’avais pas assez de monde pour les poursuivre, je pris le parti de retourner au fort.

» À mon arrivée, j’appris que les six Macassars qui avaient passé de l’autre côté s’étaient emparés d’un couvent de talapoins, dont ils avaient tué tous les moines, avec un mandarin de distinction, dans le corps duquel