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raisons amènent au Tonquin ont eu souvent recours à cet usage pour se garantir des vexations et de l’injustice des courtisans. L’auteur raconte qu’il avait reçu l’honneur de l’adoption d’un prince qui était alors héritier présomptif du grand-général de la couronne ; mais qu’après lui avoir fait quantité de présens, par lesquels il croyait s’être assuré une longue protection, il perdit sa dépense et ses peines, parce que ce prince devint fou.

La plupart des aldéens ou des paysans composent un peuple grossier et si simple, qu’il se laisse aisément conduire par l’excès de sa crédulité et de sa superstition. Avec ce caractère mobile, il est extrêmement bon ou extrêmement mauvais, suivant la différence des impressions qu’il reçoit. C’est une grande erreur, dans les relations européennes du Tonquin, que de représenter ce peuple comme une troupe de vagabonds qui vivent dans leurs bateaux sur des rivières, et qui passent d’un lieu à l’autre avec leurs femmes et leurs enfans, sans autre motif que l’indigence, qui leur fait chercher continuellement de quoi satisfaire leurs besoins. L’occasion ordinaire de toutes ces courses est le commerce intérieur du royaume, et la nécessité de s’acquitter du service public. Mais il arrive quelquefois aussi que la grande rivière qui vient de la Chine, et les grosses pluies des mois de mars, d’avril et de mai, causent des inondations si terribles, que le pays paraît menacé de sa ruine. Des provinces entières se