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quelle j’avais renoncé le matin. J’étais si déterminé à mourir, que j’en attendais le moment avec impatience, comme la fin de mes infortunes. Le sommeil me prit encore dans ces tristes réflexions. Un mandarin, qui était mon ami particulier, et mes valets, qui me croyaient égaré, me cherchèrent assez long-temps. Ils me trouvèrent enfin ; et m’ayant réveillé, le mandarin m’exhorta si vivement à prendre courage, qu’il me fit quitter un lieu où je serais mort infailliblement sans son secours. Nous rejoignîmes ensemble les Portugais, qui s’étaient arrêtés près d’une ravine d’eau. La faim, qui les pressait comme moi, leur fit mettre le feu à des herbes demi-sèches pour y chercher quelques lézards ou quelques serpens qu’ils pussent dévorer. Un d’entre eux ayant trouvé des feuilles sur le bord de l’eau, eut la hardiesse d’en manger, quelque amères qu’elles fussent, et sentit sa faim apaisée. Il annonça cette nouvelle à toute la troupe, qui n’en mangea pas moins avidement. Nous passâmes ainsi la nuit.

» Le lendemain, qui était le cinquième jour de notre marche, nous partîmes de grand matin, persuadés que nous ne pouvions manquer ce jour-là de trouver les habitations hollandaises. Cette idée renouvela nos forces. Après avoir marché sans interruption jusqu’à midi, nous aperçûmes assez loin de nous quelques hommes sur une hauteur. Personne ne douta que nous ne fussions au terme de nos souffran-