Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces, et nous nous avançâmes avec une joie qui ne peut être exprimée. Mais ce sentiment dura peu, et nous fûmes bientôt détrompés. C’étaient trois ou quatre Hottentots qui, nous ayant découverts les premiers, venaient armés de leurs zagaies pour nous reconnaître. Leur crainte parut égale à la nôtre, à la vue de notre troupe nombreuse et de nos fusils. Cependant nous nous persuadâmes que leurs compagnons n’étaient pas éloignés ; et nous croyant au moment d’être massacrés par ces barbares, nous prîmes le parti de les laisser approcher, dans l’idée qu’il valait mieux finir tout d’un coup une malheureuse vie que de la prolonger, quelques jours pour la perdre enfin par des tourmens plus cruels que la mort même. Mais, lorsqu’ils eurent reconnu d’assez loin que nous étions en plus grand nombre qu’ils ne l’avaient jugé d’abord, ils s’arrêtèrent pour nous attendre à leur tour ; et nous voyant approcher, ils prirent le devant, en nous faisant signe de les suivre, et nous montrant avec le doigt quelques maisons, c’est-à-dire trois ou quatre misérables cabanes qui se présentaient sur une colline. Ensuite, lorsque nous fûmes au pied de cette colline, ils prirent un petit chemin par lequel ils nous menèrent vers un autre village avec les mêmes signes, pour nous engager à marcher sur leurs tracés, quoiqu’ils tournassent souvent la tête, et qu’ils parussent nous observer d’un air de défiance.

» En arrivant à ce village, qui était com-