Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/186

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peu de lait, dont il fallut paraître content.

» Nous passâmes la nuit dans ce lieu, près d’un grand feu qu’on avait allumé devant les cases des Hottentots. Ces barbares ne firent que danser et pousser des cris jusqu’au jour ; ce qui nous obligea de renoncer au sommeil, pour nous tenir incessamment sur nos gardes. Nous partîmes le matin, et, prenant le chemin de la mer, nous arrivâmes au rivage vers midi. Les moules que nous trouvâmes le long des rochers furent pour nous un charmant festin. Après nous en être rassasiés, chacun eut soin d’en faire sa provision pour le soir ; mais il fallait rentrer dans les bois pour y chercher de l’eau. Nous n’en pûmes trouver qu’à la fin du jour ; encore n’était-ce qu’un filet d’eau fort sale ; mais personne ne se donna le temps de la laisser reposer pour en boire. On campa sur le bord du ruisseau, avec la précaution de faire la garde toute la nuit, dans la crainte des Cafres, dont on soupçonnait les intentions.

» Le jour suivant nous nous trouvâmes au pied d’une haute montagne qu’il fallut traverser avec une étrange fatigue. La faim nous pressa plus que jamais, et rien ne s’offrait pour l’apaiser. Du sommet de la montagne, nous vîmes sur un coteau des herbes assez vertes et quelques fleurs. On y courut : on se mit à manger les moins amères ; mais ce qui apaisait notre faim augmenta notre soif, jusqu’à nous causer un tourment qu’il faut avoir éprouvé pour le comprendre. Cependant nous ne trouvâmes