Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quelques jours après, il me sortit de tout le corps, surtout des jambes, une eau blanchâtre et pleine d’écume. Nous marchions fort vite, ou du moins il nous semblait que nous faisions beaucoup de diligence, quoiqu’en effet nous fissions peu de chemin. Vers midi, nous arrivâmes fort las au bord d’une rivière qui pouvait avoir soixante pieds de large et sept ou huit de profondeur. Nous doutâmes si les Portugais l’avaient passée, parce que, sans avoir beaucoup de largeur, elle était extrêmement rapide. Quelques Siamois essayèrent de la traverser ; mais le courant était si impétueux, qu’ils retournèrent sur leurs pas, dans la crainte d’être emportés. Cependant on résolut de tenter encore une fois le passage ; et pour le faire avec moins de péril, on s’avisa de lier ensemble toutes les écharpes de la troupe, dont un mandarin fort robuste entreprit d’attacher un bout au tronc d’un arbre qu’on voyait de l’autre côté de la rivière, dans l’espérance qu’à la faveur de cette espèce de chaîne, chacun pourrait passer successivement ; mais à peine le mandarin fut-il au milieu de la rivière, que, ne pouvant résister au cours de l’eau, il fut obligé de quitter le bout des écharpes pour nager vers l’autre bord ; et, malgré toute son adresse, il fut jeté contre une pointe de terre qui le blessa en plusieurs endroits du corps ; il prit le parti de remonter à pied le long du rivage pour crier vis-à-vis nous qu’il n’était pas vraisemblable que les Portugais eussent pris cette