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rejoindre, commençait à nous faire regretter d’avoir quitté la petite île où nous avions trouvé de l’eau excellente et quantité de moules ; mais le chagrin et les murmures augmentèrent beaucoup dans le lieu où nous devions passer la nuit. Il n’y avait que deux chemins à prendre, tous deux fort difficiles, et rien ne pouvait servir à nous faire distinguer lequel des deux les Portugais avaient suivi. D’un côté, on voyait une montagne très-rude, et de l’autre un marécage coupé dé divers canaux que la rivière formait naturellement, et qui dans plusieurs endroits inondaient une partie de la campagne. On ne pouvait se persuader que les Portugais eussent traversé la montagne ; il n’y avait pas plus d’apparence qu’ils fussent entrés dans le marais, qui nous paraissait presque entièrement inondé, et qui n’offrait d’ailleurs aucun vestige d’homme. Nous délibérâmes une partie de la nuit s’il fallait passer outre ou retourner sur nos pas. La difficulté de choisir entre les deux routes parut si difficile à surmonter, que tout le monde fut d’avis de ne pas aller plus loin. Il paraissait impossible de traverser le marais sans se mettre en danger d’y périr mille fois ; et passer sur la montagne, c’était s’exposer à mourir de soif, parce qu’il n’y avait aucune apparence d’y trouver de l’eau, et qu’il ne fallait pas moins de deux jours pour la traverser. On conclut de retourner à la petite île qu’on regrettait d’avoir quittée ; d’y attendre pendant quelques jours des nouvelles