au feu pour le soir. Toutes les côtes voisines étaient si désertes et si arides, qu’il ne s’y trouvait qu’un petit nombre d’arbres secs pour allumer du feu. Nous ne pouvions vivre néanmoins sans ce secours ; car à peine étions-nous endormis, que le froid ou l’humidité nous réveillaient. Le bois nous manquant bientôt sur le rivage, quelques-uns en allèrent chercher plus loin dans les terres. Mais les environs n’étaient que des déserts couverts de sable et pleins de rochers escarpés, sans arbres et sans aucune verdure. On trouva beaucoup de fiente d’éléphans, qui servit deux ou trois jours à l’entretien de notre feu. Enfin, ce dernier secours nous ayant aussi manqué, la rigueur du froid nous fit abandonner un lieu qui nous avait fourni pendant six jours des rafraîchissemens si nécessaires à nos besoins. Nous prîmes le parti de chercher les Hottentots, pour nous abandonner à leur discrétion. Mais à quoi ne nous serions-nous pas exposés pour sauver une vie qui nous avait déjà coûté si cher !
» Nous partîmes en regrettant amèrement les moules et l’eau douce que nous laissions dans l’île. Ce qui avait achevé de nous déterminer, c’était l’idée que les Portugais, ne nous donnant point de leurs nouvelles, devaient être morts en chemin, ou qu’ils nous croyaient morts nous-mêmes, ou que les gens qu’ils avaient envoyés au-devant de nous ne viendraient pas nous déterrer dans cette île écartée. Avant de nous mettre en marche, chacun fit,